... plus encore que je n'aurais imaginé en écrivant ce nouveau quatre mains avec Marie.
Nous savions que le thème était difficile. Nous l'avons porté à bout de bras, courageusement, de septembre 2018 à septembre 2019, date à laquelle il est parti dans les boîtes mails des éditeurs...Et les retours des chroniqueuses et chroniqueurs nous rendent au centuple le travail fourni.
Merci à l'équipe de Gulf Stream de l'avoir accueilli, chouchouté, et de le porter aussi bien.
Mercredi #25novembre, c'était la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes, alors merci à ces chroniqueuses et ces chroniqueurs qui, par leurs photos et leurs mots, contribuent aussi à éveiller les consciences.
Je suis devant ma page de blog et je ne sais pas par quoi commencer. Dois-je privilégier la narration ? En chapitres courts, l’écriture fluide, les changements de point de vue qui en font un roman choral ? Ou bien plutôt les personnages ? Ou encore le fond tout simplement et l’ensemble des thématiques abordées dans ce roman ?
Commençons par un petit Trigger Warning. Ce roman, en abordant une relation toxique, peut parfaitement perturber bon nombre de personnes par sa violence verbale et physique par exemple. Je mets particulièrement en garde les personnes qui auraient pu avoir vécu ce genre de choses. A destination des grands ados ou des adultes, c’est toutefois un remarquable roman qui peut vous aider à prévenir ce genre de relations, mieux observer votre prochain, et pourquoi pas vous aider à agir. Ne pensez pas que des sujets soient trop durs ou trop complexes, ce sont des sujets qui existent, qui bouleversent certes, mais qui sont réalistes, des maux de notre époque dont il faut prendre conscience pour mieux les combattre.
Alors oui j’ai adoré Point de fuite. C’est un roman qui dit beaucoup de choses. Qui dit l’amour, qui dit la haine, qui dit l’amitié et la violence, qui dit les silences et les solitudes. A travers ses différents personnages, on observe petit à petit la toile se former autour de Mona avec en son centre une araignée, insidieuse et charismatique.
Le personnage de Mona est quant à lui extrêmement réaliste. Parfois même trop. J’avais l’impression de glisser à ses côtés, de trébucher, sans m’en rendre compte je me suis complètement imprégnée de ce personnage, m’en suis peinturluré le cœur et le visage jusqu’à en avoir la gorge serrée, à refermer le livre les mains tremblantes. Pourtant, évidemment, Mona n’est pas un personnage auquel on a envie de ressembler, dont on envie la place, les pouvoirs magiques ou que sais-je, mais les autrices ont réussi à lui donner de la tangibilité et l’ont investi du souvenir de millier de femmes à travers le monde, subissant les mêmes choses en silence. Elles ont remarquablement dessiner son corps en transformation, sa perte de poids, ses cernes, sa perte de repères, le resserrement progressif de son monde autour d’une seule et même personne, bourreau et amant, martyre et salaud. Je le redis mais l’impression de glisser, de chavirer était extrêmement forte.
On est loin des statistiques, des données chiffrées, des petites citations qui nous interpellent parfois dans la rue, sur ces femmes battues, tuées, réduites au silence. Impossible de se dire « mais pourquoi ? pourquoi ne part-elle pas ? » comme on peut l’entendre par fois. Marie Colot et Nancy Guilbert refusent le jugement et l’égoïsme de cette pensée pour nous offrir de la compassion et un « comment l’aider » au pourquoi.
En résumé Point de fuite est un roman bouleversant dont il est difficile de sortir indemne. La dernière page refermée ce sont des larmes aquarelles et des poings froissés qui viennent nous dessiner de la colère et de la tristesse au ventre. Parce que Mona est une personne comme tout le monde, parce que ce ne sont pas que des statistiques mais des personnages dont on s’imprègne, éponge sur tache d’encre, et parce que Marie Colot et Nancy Guilbert nous rendent cette histoire tangible, réelle, puissante. Un coup de cœur percutant qui ouvre les yeux sur les relations toxiques et les pièges dans lesquels tombent parfois les femmes sans s’en rendre compte, véritable descente aux enfers; avec ce qu’il faut de poésie et d’amitié pour nous rendre l’indicible supportable.Sans jamais tomber dans le voyeurisme, Nancy Guilbert et Marie Colot parviennent à nous faire entrer dans l’intimité d’une victime de violences conjugales. Point de fuite se révèle être un roman puissant, intense, parfois terrifiant, mais nécessaire. À découvrir absolument !
* Un coup de coeur et de poing pour Les lectures de Théa
Et pour terminer, il est dans la sélection de la semaine du SLPJ de Montreuil, merci !
Les Editions Oskar et moi vous proposons de gagner un exemplaire de ce roman - Le concours se déroule sur ma page FB du 22 novembre au 1er décembre 2020.
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Bonne chance!