Interview



* Interviews :

- Mai  2018   l'interview commune de Pauline, Blandine et Nathalie, que vous pourrez retrouver en intégralité sur leurs blogs.
" À l'occasion de la sortie de leur roman Deux secondes en moins, aux éditions MagnardNancy Guilbert et Marie Colot ont accepté de répondre à quelques questions. La lecture de Deux secondes en moins a été une lecture commune avec Blandine, du blog Vivre Livre, et Nathalie, du blog Délivrer des livres."  Pauline, Entre les Pages.

- Juin 2017 chez Pauline, Entre les pages :


Bonjour, Nancy, merci d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions.Bonjour Pauline, je suis touchée de l’intérêt que vous portez à mon travail et vous remercie de cette interview

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis née à Nîmes, dans le Gard, et je suis tombée très jeune dans la Marmite à livres. Mes parents m’ont raconté qu’à l’âge de deux ans, je connaissais mes albums par cœur et qu’il ne fallait pas changer un seul mot. J’ai appris à lire toute seule à cinq ans, et à six ans, j’écrivais ma première histoire, celle d’un château qui prenait feu ! J’ai continué à dévorer les livres et à écrire des histoires, en demandant à ma petite sœur de faire les illustrations. Quelques années après, j’ai emménagé près de Lille, ma ville d’adoption, où je suis devenue enseignante. Tout au fond de moi, restait tapie l’idée d’écrire mais jamais je n’aurais envisagé que cela puisse devenir mon métier un jour. Alors, je fabriquais des livres avec mes enfants ou avec mes petits élèves et leur en lisait des tas ! Aujourd’hui, quand je dédicace à côté des auteurs ou illustrateurs dont je connais les albums par cœur, je ressens une grande fierté.
Comment êtes-vous devenue auteure de livres pour enfants ?Mireille d’Allancé, alors auteure-illustratrice à l’École des Loisirs, m’y a poussée quand je lui ai confié que j’avais beaucoup d’histoires qui sommeillaient dans ma besace. En mars 2011, j’ai rencontré ma première éditrice (celle des P’tits Totems Éditions) au salon de Bondues. Je lui ai présenté trois projets qu’elle a aimés immédiatement. Mon premier album est paru en juin 2011. Ensuite, tout s’est enchaîné plus ou moins vite et aujourd’hui, 58 livres sont parus dans dix-neuf maisons d’édition différentes.
Avez-vous des chouchous parmi vos ouvrages ?Oui bien sûr mais je ne sais pas si je dois le dire ici pour ne froisser personne  Les premiers albums parus auront toujours une place particulière, ainsi que ceux qui portent un message fort. De tolérance, de liberté, d’ouverture à l’autre, de confiance en soi.
Avez-vous des projets en tête ou en cours ? Des envies ?Oui, beaucoup de projets et pas toujours le temps pour m’en occuper malheureusement ! Depuis que je fais des rencontres avec les collégiens, j’ai envie de partager des choses avec eux sur des thèmes qui les touchent. Deux romans pour adolescents sont normalement prévus pour 2018. Je suis en train de terminer le troisième avec une autre auteure et j’espère qu’il verra le jour lui aussi. Une autre envie : avoir un livre pop-up ou en papier découpé : j’adore ! Un livre–CD me ferait très plaisir aussi car je suis musicienne.
J’aime beaucoup varier les supports et les genres : albums, petits polars, romans, romans premières lectures, BD, livres d’art, livres poétiques, carnets de bord, livres à énigmes… Au moins je ne m’ennuie jamais, ce sont à chaque fois de nouvelles contraintes d’écriture et un nouveau défi.
Le monde de l’édition est aussi beau que cruel, quels bonheurs et quelles difficultés rencontrez/vivez-vous ? Quels changements aimeriez-vous voir se mettre en place ?Les bonheurs ? Lorsque je découvre mes albums et les partage avec les enfants dans les classes, ou avec le public sur les salons du livre. Ce sont des moments intenses. Le travail d’écriture en binôme est une autre grande joie car très enrichissant également.
Les difficultés ? Elles sont nombreuses et touchent la plupart des auteurs. L’attente très longue après l’envoi d’un manuscrit, les projets qui tombent à l’eau malgré les contrats signés, le manque de transparence dans certains relevés de droits, l’absence de bonne foi de certains éditeurs, les conditions de rémunération pas toujours honnêtes. Je suis aidée par la Charte des auteurs et par la juriste de la SGDL.
Les changements ? Les auteurs aimeraient que la littérature de jeunesse soit considérée comme une vraie littérature et plus comme une sous-littérature. Nous souhaiterions aussi que l’on respecte nos conditions de travail. Il y a encore bien des choses à améliorer à ce sujet.
C’est un beau métier où il est nécessaire d’avoir une bonne dose de persévérance !
Vous êtes aussi lectrice, quel livre lisez-vous au moment où vous répondez à ces questions ?Je lis Le secret de la Dame en rouge que vous m’aviez conseillé (j’en suis aux derniers chapitres), et je viens de terminer Le temps est assassin de Michel Bussi ainsi que L’enfant-rien de Nathalie Hug. Je vais ensuite découvrir Parfum de glace de Yôko Ogawa, conseillé par une autre chroniqueuse. Tout comme dans l’écriture, j’aime varier les lectures selon mon humeur. Juste avant, j’ai adoré la BD-manga de Taniguchi, Journal de mon père qui m’a donné envie de lire Quartier Lointain. Et bien sûr, dès que je suis en librairie, je me délecte avec les albums jeunesse !

De nouveau merci pour vos réponses, Nancy, et à très bientôt !Merci à vous Pauline. Je continue à suivre vos chroniques littéraires avec grand intérêt.

- Octobre 2014 par Blandine du Blog "VivreLivre" à propos d'Azulie dans la nuit :

http://vivrelivre19.over-blog.com/2014/10/azulie-dans-la-nuit-une-approche-originale-des-oeuvres-de-marc-chagall-nancy-guilbert-des-7-ans-interview.html

1/ La maison d'éditions Léon art&stories vous a contactée pour écrire une histoire. L'idée d'y mêler les œuvres de Chagall émanait-elle de vous ou de la maison d'éditions?
Nous nous sommes rencontrées sur un salon. L'éditrice y présentait ses deux premiers ouvrages et je suis tombée sous le charme. Je lui ai dit que j'avais un texte dont l'univers pouvait correspondre à celui de Chagall et que si jamais elle avait envie de publier un album sur ce peintre, je pouvais lui faire lire le texte. Il était écrit au départ sans lien direct avec Chagall! Ce n'est qu'ensuite que je me suis aperçue qu'il se prêtait à cet univers.
Au mois d'octobre, nous nous sommes revues, elle m'a passé une commande officielle en m'expliquant les contraintes nécessaires à la collection.
C'est l'éditrice qui a créé ce concept d'art-fiction, mon texte d'origine a du être repensé pour entrer dans la ligne éditoriale et les contraintes techniques.


2/ Vous écrivez sur votre blog que le projet a connu quelques rebondissements quant à l'histoire, mais surtout quant à la maquette de l'album. Ce qui est indiqué à la toute fin de l'ouvrage également. Pouvez-vous m'en dire plus?
Le comité Chagall a eu son mot à dire concernant les œuvres que nous avions choisies puisque Marc Chagall n'est décédé qu'en 1985 : certains tableaux n'étaient pas suffisamment référencés et nous n'avons pas eu le droit de les intégrer, je pense notamment au tableau "Le violoniste bleu" que j'aimais énormément mais qui n'est pas localisable, il appartient à une collection privée.
Azulie dans la nuit. Une approche originale des œuvres de Marc Chagall. Nancy GUILBERT. (Dès 7 ans) (+ Interview)Ensuite, nous voulions rajouter quelques croquis et aquarelles pour aider à la compréhension de l'histoire, (comme dans tous les autres albums de la collection) mais nous n'en n'avons pas eu l'autorisation. Il en va de même pour le petit personnage "Léon" qui n'a pas pu être intégré à la maquette.
Et enfin, l'autorisation finale n'a été accordée que très peu de temps avant l'envoi à l'impression...ce qui a retardé l'impression d'une dizaine de jours.

Ainsi, vous n'avez vu le résultat final, sur papier et assemblé, que vendredi dernier ?

On découvre l'œuvre d'abord via le PDF que nous envoie le graphiste. J'ai vu la maquette sur ordinateur à chacune de ses modifications, très nombreuses (12 ou 13, peut-être plus) du fait des contraintes techniques.
On voit donc à quoi ressemblera le livre et on le valide avec l'éditrice. Mais effectivement, comme pour tous mes albums, je n'ai découvert la version papier qu’en fin de semaine...On se demande toujours si les couleurs seront respectées, comment sera le rendu, le vernis sélectif, les tons ..  

3/ A chaque lecture d'Azulie, de nouveaux éléments m'interpellent, apparaissent dans les mots. J'y vois beaucoup de références mythologiques (nom des personnages, animaux), religieuses (la chute du Maître des cauchemars), symboliques (le miroir de vérité, l'oiseau bleu). Est-ce pour entrer en résonnance avec les œuvres de Chagall, des éléments qui sont importants pour vous, pour le texte?

Oui, vous avez vu juste, ces références sont voulues.
Lorsque j'ai écrit ce texte il y a trois ans, je ne savais pas encore qu'il s'adapterait aussi bien à l'univers de Chagall, un univers rempli de références mythologiques, religieuses, oniriques.
Le lien entre mon texte et ses tableaux m'est apparu un soir, alors que je regardais plus attentivement les œuvres de Chagall. Et puis il allait parfaitement bien avec le thème du rêve, des cauchemars, où la réalité se transforme.
C'est un univers sur lequel j'aime écrire et qui a trouvé toute sa place au sein de cette collection.

4/ Est-ce vous également qui avez écrit l'histoire en anglais ou avez-vous fait appel (ou la maison d'éditions) à une tierce personne?

Non, c'est l'éditrice et une correctrice anglaise qui ont fait ce travail.
 
- Juillet 2014 sur le Blog "Nos vies de mamans" :
nosviesdemamans.com/zoom-sur-un-auteur-pour-enfants-nancy-guilbert

Nancy Guilbert a réalisé mon rêve : devenir auteure pour enfants.
Inventer une histoire qui parle aux plus petits, s’amuser à trouver les personnages et les rebondissements, trouver les mots qu’ils comprendront, les sensibiliser à chaque album à des questions d’importance comme l’ouverture à d’autres cultures, le deuil, l’abus de pouvoir, être entourée d’illustrateurs de talents capables de mettre nos mots en images…
Évoluer dans un univers tantôt onirique et poétique, tantôt humoristique ou aventurier …
Vivre tour à tour dans la jungle ou au pôle Nord, dans un château ou au Japon, sur la voie lactée ou au fond des océans…
C’est son quotidien ! Et elle vient nous en parler en répondant en quelques questions…


NVM : 4 années en tant qu’auteure pour enfants et déjà plus de 20 livres publiés… Quel succès ! Peut-on dire que vous êtes heureuse de cette réussite ?
Nancy : C’est effectivement un rêve qui s’est réalisé, donc oui !
Mais j’ai tellement d’autres envies et projets dans mes tiroirs que je ne vois pas encore mon parcours comme une réussite ni comme un succès… Le premier livre est sorti il y a trois ans en juin 2011, depuis je continue à travailler énormément et je côtoie de « grands » auteurs de littérature jeunesse donc je me sens encore au tout début du chemin éditorial !




NVM : Depuis toute petite, vous avez toujours aimé lire, écrire des histoires, voire les mettre en scène. Vous avez même consacré un mémoire sur la littérature jeunesse. Avez-vous toujours pensé devenir auteur ?
Nancy : Jamais je n’en n’avais envisagé la possibilité !
Cela me semblait un monde à part dans lequel je ne pouvais pas entrer. J’écrivais pour moi-même, sans penser à être publiée un jour.
L’idée est venue lorsque j’ai rencontré une auteure jeunesse. Elle m’a encouragée à tenter ma chance.


NVM : Vous avez enseigné une dizaine d’années en maternelle et en primaire. Quels enseignements en avez-vous retenu pour votre métier d’auteure ?
 Nancy : Énormément de choses : savoir à quel public je m’adresse quand j’écris, adapter mon vocabulaire, connaître les centres d’intérêt des enfants, ce qui les touche ou qui les fait rire…et savoir aussi ce que les enseignants attendent d’un album ! Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs très bien été exploités en classe.

NVM : Quel a été le déclic pour vous mettre en disponibilité et vous consacrer entièrement à l’écriture ?

NVM : Quels ont été les surprises (bonnes ou mauvaises), souvenirs, évènements marquants de votre première année ?

Nancy : Je préfère parler des bonnes surprises! Le bonheur de rencontrer ma première éditrice sur un salon, complètement par hasard. Elle voulait moderniser son catalogue et cherchait des textes : je lui en ai présenté plusieurs et le courant est tout de suite passé. Quatre mois après mon premier album était publié ! D’autres bonnes surprises : la découverte des maquettes, la joie de voir des illustrateurs travailler sur mes albums, le plaisir de rencontrer le public et des auteurs, illustrateurs ou éditeurs charmants ! Je crois que je n’en suis pas encore revenue …C’est vrai qu’il y a également eu des désillusions et des déconvenues car malgré ce qu’on pourrait en penser, l’univers des livres pour enfants est loin d’être rose bonbon !


NVM : Vous intervenez beaucoup dans les écoles ou associations pour travailler avec les enfants à partir de vos livres. Avez-vous besoin de ces contacts, et que vous apportent-ils ?
Nancy : J’en ai absolument besoin, d’abord parce que cela me donne à nouveau l’occasion de partager mon amour des livres  avec les enfants et les enseignants, ensuite parce que cela me permet de voir comment les albums sont perçus et puis parce que j’éprouve toujours une grande émotion lorsque je découvre comment mes albums sont utilisés en classe.
NVM : Quels conseils pourriez-vous donner à une maman qui aimerait suivre le même parcours que vous ?
Nancy : Si elle a ce rêve au fond du coeur, qu’elle aille jusqu’au bout ! Qu’elle n’hésite pas à se promener dans les salons du livres à la rencontre des auteurs, éditeurs, illustrateurs pour se familiariser avec cet univers. C’est à la fois un monde de rêve mais aussi un monde difficile avec énormément d’exigences. Il faut réussir à se démarquer de ce qui existe mais se soumettre  quand même à des « codes » que l’on ne possède pas toujours lorsque l’on débute. Je crois aussi qu’il faut faire lire ses textes à des personnes objectives qui oseront donner leur avis constructif. 
Et enfin, qu’elle ne se décourage pas, qu’elle persévère, travaille, sans oublier de rester elle-même pour pouvoir transmettre ce qu’elle a de plus profond !