Cette semaine...
Deux merveilleuses rencontres au collège Paul Langevin d'Avesnes-les-Aubert vendredi dernier :
un accueil personnalisé en musique, des quizz, des questions, de l'émotion et des rires.
Une mise en avant d'Old Soul :
Et une triple Lecture Commune bouleversante de Point de fuite, merci infiniment pour cette brassée de mots-soleil, de mots-étoiles, d'émotion !
Je voulais lire ce roman en prenant mon temps, et j'en ai enchaîné les pages.
Je craignais qu'en allant trop vite, les émotions et situations des personnages ne s'imprègnent pas assez en moi, ce fut tout l’inverse. J’en suis ressortie sonnée. En larmes.
A ma première lecture, comme à ma seconde.
Son sujet est extrêmement fort et difficile. Mais aussi tellement nécessaire.
Dès le début, on devine un étau à la mécanique implacable, une emprise psychologique qui se met insidieusement en place et qui petit à petit, fait émerger les doutes, fragilise la confiance en soi et en les autres, conditionne et enferme les pensées comme les actes.
Et pourtant, tout commence de façon si banale, si anodine...
Autour de la relation amoureuse, mais toxique, de Mona, Nancy Guilbert et Marie Colot restituent avec un réalisme percutant et glaçant, plusieurs types de relations : familiales, mère-fille, fraternelles, de couple, toutes celles que l'on croit d'amour.
Mais aussi, heureusement, l'amitié, avec ses évidences, ou les chemins et détours qu'elle sait prendre pour s’exprimer. Outre la voix de Mona, ne s'expriment que celles qui aident et élèvent, celles qui sont positives.
Elles nous décrivent le désir de plaire et la peur de l’abandon comme de perdre ; les comparaisons ; les angoisses physiques, réelles, supposées qui impactent tant ; la mémoire et l’espoir qui emprisonnent ; l'empathie et l'entraide (même si maladroites) ; le pouvoir des mots subtilement tournés ou leur silence fracassant. L'absence de la voix de Joshua, qui n'est retranscrite que par celles de Mona ou Lya, en est encore plus forte, plus malsaine, plus mauvaise.
Les autrices parsèment les pages de références littéraires, musicales, et bien sûr picturales (un index clôt le roman).
À commencer par le nom des trois parties structurant leur récit, qui se déroule sur trois ans, et qui remonte aussi le temps jusqu’en 1994.
Leurs personnages sont autant de noms que de parcours, de vies, dans lesquelles se reconnaître, un peu, beaucoup, trop...
J'ai été d'autant plus émue que nombre d'échos se sont faits, des clins d'œil, des détails "insignifiants", mais si parlants pour moi, des liens avec des éléments et évènements personnels, dont cette si belle amitié entre Mona et Curry.
Ce roman m'a parlé au cœur, avec le sentiment très troublant "d'en être".
Livre-objet qui attire, saisit et questionne avec ce rouge omniprésent.
Point de fuite, titre artistique et vital, qui remue et bouscule, pour un roman résilient et engagé !
Un roman pour s'aider et aider, dans lequel figurent à la fin des sites et numéros d'aide.
Un roman coup de cœur, coup au cœur.
L’art est très présent dans Point de fuite. L’ouvrage est divisé en trois parties. Elles sont introduites par des titres d'œuvres picturales : Les Amants (René Magritte), Le Cri (Edvard Munch) et La nuit étoilée (Vincent Van Gogh). Toutes les œuvres citées sont listées en fin d’ouvrage.
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Dans Point de fuite, Nancy Guilbert et Marie Colot parlent d’un sujet fort et difficile. Il faut cependant mettre en avant cette emprise subie par beaucoup, faire s’interroger sur la violence. Pour les victimes, pour ceux qui savent, pour ceux qui n'ont pas encore réalisé. Parce que tout un chacun peut et doit agir. Les autrices réussissent le pari de greffer leur intrigue aux règles d’un divertissement captivant. Il est en effet difficile d’arrêter la lecture.
Le lecteur est emporté autant qu’il est révolté et touché. Il grandit à chaque page. La réalité est là. Elle est terrible. Mais la lumière est toujours présente quelque part, ou bien elle peut toujours trouver où s’insinuer, il en est convaincu. Point de fuite est un guide magnifique, un “livre étoile”.
Chez Cécile, La maison-Livre :
Le récit est au présent, comme pour mieux faire sentir l'urgence de la situation. Situation de Mona dans le roman, mais aussi situation de toutes les personnes victimes de violences. Cette urgence qu'il y a à partir quand dans le même temps ce départ semble inconcevable. Point de fuite. C'est vraiment ça.
Dans ce roman choral, il est question de souffrance extrême, mais aussi d'écoute, de bienveillance, d'entraide et d'amitié.
Nancy Guilbert et Marie Colot sont de véritables brodeuses de mots, qu'elles ont toujours justes. Le roman est construit comme la toile d'une araignée - araignée qui revient d'ailleurs à plusieurs reprises dans l'histoire - cette araignée qui effraie Mona, l'emprisonne et la paralyse peu à peu. Mais ici la toile s'apparente plutôt à un filet de sécurité, que les autrices élaborent et installent peu à peu pour Mona mais aussi pour le lecteur. S'il t'arrive la même chose un jour, tu auras les clefs, les indices, les outils.
p.290 Cassien "En cette fin d'après-midi de mars plutôt ensoleillée pour la saison, on se promène, tous les deux. On discute de tout et de rien, je lui lis mon dernier poème et elle me dit que Jeanne a raison, que je dois présenter mes textes, qu'ils sauveront des vies. Ces mots qu'elle emploie, "sauver des vies", me bouleversent et me piquent les yeux, c'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait."
Le tout sur fond d'art, de musées et de tableaux, comme pour apporter de la douceur et de la couleur à ce tableau si noir. Point de fuite, c'est aussi un terme artistique. Le choix du titre est très judicieux, il fait tellement sens ! La couverture, ainsi que le livre lui-même, avec sa tranche rouge vif, sont magnifiques. On apprend toujours dans les oeuvres de Marie Colot et Nancy Guilbert et j'adore ça !
Le thème est malheureusement plus que d'actualité. J'ai commencé la lecture de ce roman le jour où les médias nous apprenaient le 39ème féminicide de l'année, une femme immolée par son ex-conjoint, le mardi 4 mai. Je termine cette chronique alors qu'il y a deux jours, une jeune femme de 22 ans a été poignardée à mort en pleine rue par son conjoint. Le 43ème féminicide en France depuis le début de l'année.
Dans une note en fin d'ouvrage, Nancy et Marie rappellent, pour toutes les victimes de violences, hommes et femmes, que cette violence soit physique ou psychologique (jusqu'à l'emprise) les coordonnées d'associations, les numéros de téléphone utiles en France comme en Belgique ainsi que les sites internet accessibles.
En fin d'ouvrage figure également un index de toutes les oeuvres d'art citées tout au long du roman. J'ai très envie d'en faire un padlet !
Je veux dire ici un immense MERCI à Marie et Nancy pour cette nouvelle oeuvre belle et utile à la fois. Bravo à vous deux pour cette nouvelle prouesse, vous alliez à merveille et avec une grande subtilité l'utile à l'agréable, l'indispensable vérité à l'indicible, la souffrance à la beauté. Et tout cela à quatre mains. Quelle chance pour nous, lecteurs, de vous avoir !
Un grand merci également à Pauline et Blandine, mes complices de lecture. Quel plaisir d'échanger avec vous dans nos lectures communes !
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Gros coup de coeur
Et une dernière chronique ici sur Instagram :
Prenez soin de vous, encore et toujours <3
Quelles belles rencontres! Vous avez été gâtée, c'est beau et émouvant <3
RépondreSupprimerMerci pour le partage de notre triple chronique autour de Point de fuite, c'est touchant de la/les lire ici.
Votre roman me reste tellement au cœur <3
Merci pour tout, Blandine <3 et oui, j'ai reçu des brassée de soleil !
SupprimerUn grand merci pour ce très bel article, à votre image : chaleureux, enthousiaste et bienveillant . Je vais pouvoir le mettre sur le site du collège et du CDI et le montrer demain et jeudi aux 6eB et au Club Lecture
RépondreSupprimerMille mercis à vous !
Bonne soirée !
Merci beaucoup Sylvie pour votre accueil et pour tout ce travail réalisé !
SupprimerBonjour à tou.te.s vos élèves !
Tous ces témoignages sont très touchants et incitent à la lecture...
RépondreSupprimerils sont aussi une preuve de plus que les mots, les fictions, les oeuvres d’art véhiculent des émotions si fortes qu’elles aident à vivre :) à partager, et aussi à guérir parfois.
Bravo Nancy pour ton courage, ta persévérance, et ton talent!
Ton amie Isabelle
Merci infiniment pour tes mots si doux chère amie de cœur :))
SupprimerQuand je regarde toutes ces photos avec les élèves je trouve ça très touchant, ça me rappelle le collège où j'aurais bien aimé rencontré un auteur moi aussi quand j'étais au collège... Ils ont dû passer un super moment avec toi! Point de fuite est un très beau livre que j'ai beaucoup aimé et que je relirais encore comme tout les livres qui m'ont touché, tout comme deux secondes en moins.
RépondreSupprimerOh c'est adorable, merci beaucoup Isaly <3
SupprimerBonjour Nancy. Merci pour ce partage riche en photos et émotions vécues (les cadeaux, les mots...)
RépondreSupprimerJ’imagine le plaisir pour un.e auteur.trice d’être ainsi accueillie. Bravo à l’organisatrice et aux élèves !!
Quel plaisir de lire ces chroniques pour Old Soul et Point de fuite !
Merci pour tes livres, tes mots et ta sincérité.
A bientôt.
Je t’embrasse.
Lamis
Merci beaucoup chère Lamis !
SupprimerOui toutes ces émotions positives font tellement de bien à tout le monde, organisatrices, élèves, autrice :)
Tant de bienveillance donne des ailes !
Je t'embrasse aussi !